Le scénario des événements qui agitent Erevan, la capitale de l’Arménie, est bien rodé. Depuis 4 mois, la compagnie de télécom UCOM faisait tourner sur les principales chaînes de télévision une pub pour ses nouvelles prestations sous la forme d’un clip drôle et sympa qui met en scène une révolution tout en couleur. On y voit de beaux jeunes gens de vert vêtus descendre dans la rue, agiter des calicots verts et lancer des pétards d’un vert flamboyant. Une véritable fête!. L’élégant tribun choisi pour la vidéo publicitaire se retrouvera aussi sur la grand-place d’Erevan pour mener la manif qui aboutit au renversement du gouvernement en place. On verra aussi un pétard vert illuminer le parlement au plus chaud de la révolution qui amène Pashinian au pouvoir.

La révolution mûrissait depuis longtemps. En 2005, les Etats-Unis inauguraient à Erevan leur plus grande ambassade au monde sur un site de 9 hectares pour accueillir 2500 diplomates dans un pays qui compte moins de trois millions d’habitants, soit un diplomate pour un peu plus de 1000 habitants.

En plus du programme officiel USaid, trois mille ONG quadrillent le terrain et offrent divers programmes dans les domaines de la culture, de l’aide humanitaire et de la formation, souvent avec rémunération à la clef. Pashinian est un homme formé en Occident, comme l’ont été Saakashvili et d’autres leaders des révolutions de couleur. Pour l’instant, il compose avec la Russie, qui a été jusqu’ici le meilleur allié de l’Arménie dans la guerre du Nagorno-Karabakh et qui y dispose encore d’une base militaire. Par comparaison, l’Ambassade de Russie à Erevan compte 60 diplomates. D’où l’étonnement (sincère?) des journalistes russes: Pourquoi tant de diplomates U.S. à Erevan?

JMB/17.05.2018