«Joyaux du pouvoir russe», titre «Le Temps» au sujet de la disparition des chœurs de l’Armée Rouge, plus exactement de l’Ensemble Alexandrov. Dans le vocabulaire conspirationniste-paranoïaque du «Temps», tout ce qui est lié de près ou de loin à la Russie, et qui ne profane pas les églises avec le soutien de M. Soros, est un paravent, un atout ou un outil du «pouvoir russe», autrement dit de Vladimir Poutine.

La Russie moderne vue par la lorgnette du «Temps» est en somme une dictature primitive à situer quelque part entre l’ex-royaume du Dahomey et la farce du père Ubu. Que ce pays soit le dernier à assurer l’envoi d’humains dans l’espace, qu’il ait les meilleurs ballets et les meilleurs chœurs du monde, que son ingéniérie civile et militaire soit à l’avant-garde? Rien que des arguments de propagande du maître du Kremlin, c’est bien connu. Il n’est pas un secteur de la société russe, pas même un passe-temps, qui ne soit à l’entière disposition de son dictateur.

Cela dit, George Michael est mort le même jour que les soixante choristes de l’Armée rouge. «Le Temps» n’a pas parlé de «joyau de la couronne britannique», ni de marionnette chantante du capitalisme global. Sans doute parce que George n’a pas chanté avec les Russes. Joe Dassin ou Mireille Mathieu, qui se sont compromis avec cette pure émanation du KGB, n’étaient de toute façon que des joyaux du pouvoir français...