Le totalitarisme s’en est-il allé avec l’effondrement de l’URSS? Non, estime le grand psychiatre Boris Cyrulnik dans un entretien passionnant accordé à Radio-Canada. Un peu comme la menace du conflit nucléaire, il s’agit d’un péril ultime, dévastateur, qu’on croit juguler en évitant de le regarder en face.
« Je suis un peu triste de voir que j’ai commencé ma vie en subissant un langage totalitaire, et que j’arrive au dernier chapitre de mon existence en voyant réapparaître un autre langage totalitaire», dit Boris Cyrulnik, 80 ans, au micro de Stéphan Bureau. Ayant échappé à l’horreur nazie pendant l’Occupation, le neuropsychiatre français regarde avec une certaine inquiétude l’état actuel du monde, dont les dérives lui rappellent le «langage totalitaire» des années 1940. «Le langage totalitaire est tragiquement bien accepté par la plupart des cultures et actuellement, on le voit réapparaître au Proche-Orient, en Europe et même en Amérique du Nord», note Boris Cyrulnik.