C’est probablement l’un des exemples de désinformation les plus colossaux que les médias de grand chemin occidentaux nous aient offerts au sujet de la Syrie. Le 3 janvier, le Daily Mail republiait un reportage photo du Ministère russe de la Défense en l’assaisonnant de ses propres légendes. Sous un titre arrogant («Admirez le boulot!») cela commence ainsi:

«Ces images affligeantes montrent la dévastation totale que laissent les troupes derrière elles à Alep.

Les images hallucinantes montrent des tanks croisant dans des rues remplies de gravats et bordées d’immeubles en ruines, et des soldats russes qui marquent leur territoire en inscrivant des graffitis sur les murs de la ville syrienne assiégée (NB: qui ne l’est plus, justement!).

Certaines images montrent des femmes syriennes désespérées et des enfants pieds nus recevant de la nourriture des troupes russes, pendant que d’autres montrent des chiens fouillant les décombres.

Des douzaines d’images montrent des alignements d’armes sur le sol, ou des explosions géantes secouant le sol de la ville poussiéreuse.»

N’en jetez plus! Le décor est planté: violence et destruction. Mais ce n’est ni le contenu, ni le propos de la série de photos publiée par la Défense russe. Son sujet est bêtement le déminage des zones reprises aux rebelles par les sapeurs! Une opération nécessaire et préalable à tout retour à la vie normale.

Ainsi, le soldat qui «retague» des graffitis islamistes, soi-disant en signe de conquête ou de vindicte, est simplement en train d’inscrire: МИН НЕТ. Autrement dit: «pas de mines», en russe! Mais la légende originale (corrigée depuis) claironnait:

«A soldier daubs graffiti written in Russian on a wall in Aleppo, underneath previous graffiti written in Arabic.»

Et le reste est à l’avenant! Sur toute la série des photos illustrant l’opération, le Daily Mail réussit à accoler des légendes effrayantes sans jamais expliquer le contexte et le sens des images! Grâce à ce flou délibérément entretenu, le lecteur non averti finit par se persuader que les Russes se vantent de leurs propres destructions, non qu’ils aident la population à reprendre pied dans la ville.

Le site russia-insider.com a pris la peine de remettre en perspective, et en anglais les légendes du Mail. Cette élémentaire mise au point révèle la mauvaise foi stupéfiante du journal britannique, qui s’emploie à monter son public contre les Russes en faisant feu de tout bois, profitant entre autres de la barrière des langues.