Les médias de grand chemin, si prompts à épingler les extravagances de Donald Trump sur Twitter, s’abstiennent bien de relever ses piques lorsqu’elles sont opportunes.

Comme celle-ci, du 29 décembre, 14h04:

«Pourquoi la Poste des Etats-Unis, qui perd des milliards de dollars par an en taxant si modestement Amazon et autres pour acheminer leurs colis, rend-elle Amazon toujours plus riche en devenant toujours plus stupide et plus pauvre? Elle devrait les faire payer BEAUCOUP PLUS CHER!»

Le fait que Jeff Bezos, le patron d’Amazon, ait acheté le Washington Post pour en faire l’une des armes médiatiques anti-Trump les plus virulentes n’est sans doute pas étranger au ronchonnage présidentiel. Il n’empêche: c’est vrai qu’il y a là un mystère. Pourquoi un service public fait-il subventionner, au travers de son déficit, les géants de l’internet par le contribuable?

Un mystère qui ne concerne pas que les Etats-Unis: on pense à la Poste suisse, notamment, qui n’a pas eu «pour des raisons techniques» le temps de mettre en application la suppression de la franchise sur la vente en ligne des grandes sociétés étrangères, mais qui a trouvé le temps de dérouler le tapis rouge à Amazon pour lui permettre d’attaquer de front le commerce de détail helvétique?

Et qui répondra à ces rumeurs venant, paraît-il, de l’intérieur même du «Géant jaune», selon lesquelles La Poste aurait consenti à Amazon des tarifs inférieurs aux coûts des prestations? Imagine-t-on le scandale s’il s’avérait que le contribuable suisse subventionne à raison de 1 ou 2 francs par colis la colonisation de son marché intérieur par une multinationale esclavagiste et tentaculaire? Le service de communication de La Poste ferait bien de tuer de si pernicieux soupçons dans l’œuf...