Dans la nuit du 6 au 7 janvier dernier, la Syrie a été le théâtre d’une première historique dans l’art de la guerre — qui est pourtant passée presqu’inaperçue. Alors qu’elles fêtaient leur Nativité, les bases russes de Hmeimim et de Tartous étaient visées par un essaim de 13 drones équipés de bombes gravitationnelles. L’attaque n’a pas fait de dégats: la défense aérienne a détruit 7 drones en vol et réussi à prendre le contrôle des 6 autres pour les poser.

Les médias occidentaux ont insisté sur le caractère «artisanal» et «low-tech» de ces bombardiers radiocommandés. Les Russes, de leur côté, ont souligné les connaissances technologiques nécessaires pour réaliser une telle attaque, notamment en matière de coordination au GPS. En soutenant qu’une telle opération dépassait les compétences d’une poignée d’islamistes d’Idlib, ils sous-entendent qu’une puissance étrangère pourrait leur avoir donné un «coup de pouce». Le ministère de la Défense russe s’est interrogé sur l’«étrange coïncidence» que constituait la présence d’un avion de reconnaissance U. S. dans le secteur.

Quoi qu’il en soit, l’humanité est officiellement entrée cette nuit-là dans l’ère des attaques d’armes miniatures robotisées en essaim prédite, notamment, par un Michael Crichton (dans La Proie en 2002).

«“Si l’incident en soi n’était pas forcément très spectaculaire du point de vue des critères terroristes, il augure sans doute d’un avenir très sombre", a déclaré Colin Clarke, chercheur en science politique auprès du think tank RAND spécialisé dans le terrorisme, les insurrections et les réseaux criminels.»

Il est à souligner que l’armée américaine étudie cette technologie depuis quelque temps déjà et qu’elle s’enorgueillit de son avance dans le domaine. Cela pourrait expliquer la relative discrétion des médias de grand chemin sur cette «excitante» innovation technologique.