Une diatribe réjouissante à savourer dans la rubrique «savoir-vivre» de Vanity Fair: «Tout ce qu’on ne veut plus entendre dans les restaurants». Entre prestidigitation commerciale et enfumage verbal, les restaurants «branchés» de Paris sont devenus un véritable théâtre du ridicule. Engouements médiatiques surjoués, lexique précieux, «maîtres tisaniers», décors «minimalistes» exclusifs: tout est bon pour emberlificoter le chaland. On ne boit plus un digestif, on «est sur» une émulsion de gentiane sauvage, puis l’«on part sur» un café. A quand un dictionnaire des préciosités gastronomiques françaises?

«Car on ne mange plus dans les restaurants. On ne s'y restaure plus. On déguste. En particulier l'addition. On y savoure également tout un vocabulaire alambiqué bidouillé par des protocoles sinon abscons, déjà caduques, mués en simagrés et qu'on oblige les serveurs et serveuses à apprendre par cœur. Naviguant entre morgue et arrogance, prétention et ignorance, impolitesse et caricature, l'expérience d'un repas dans un restaurant parisien contemporain a viré du plaisir convivial à un concours de vanités insupportable.»