Les médias francophones en ont peu parlé ces derniers temps, et pourtant le sujet est... colossal. Tout est parti d’un mémo au titre anodin publié en 2007 sous la présidence de Hu Jintao: Quelques observations du bureau du Conseil gouvernemental de la RPC sur l’édification d’un système de crédit social. Les Chinois, spécialistes de la photocopie, s’apprêtaient à décalquer le système d’évaluation de la solvabilité des débiteurs tel qu’il avait été mis en place aux Etats-Unis.

Mais l’Empire du milieu ne s’arrête jamais à mi-course. En dix ans, cet outil est devenu un projet de fichier omniscient, omni-englobant, qui va soumettre à «cotation» tous les aspects de la vie des sujets — pardon, des citoyens — chinois, y compris leurs opinions exprimées sur les réseaux sociaux.

«Grâce à un nouvel usage terrifiant du big data, on peut vous attribuer un score de crédit qui sera affecté de manières diverses par vos hobbies, vos habitudes de consommations, votre mode de vie, vos lectures en ligne, vos posts, vos opinions politiques, mais aussi par tout ce que font, disent, lisent, achètent ou publient vos amis en ligne…»

Les rêves de la Stasi, du KGB et de la NSA sont dépassés! D’ailleurs, les commentateurs étasuniens ne manquent pas de relever que ceci est «un avertissement» pour les Américains. Mais l’idée fait certainement saliver les technocrates du monde entier. Au pays de la loi Hadopi, en France, on n’a enregistré pour le moment aucune réaction officielle à cette grande avancée de la technologie chinoise.

La mise en place du système est prévue pour 2020. D’ici là, nous nous réveillerons peut-être... ou pas. Avec l’alibi de la «lutte contre le terrorisme», les Européens accepteront ce fichier aussi docilement que les microorganismes de la fourmilière chinoise.