Vous souvenez-vous d’Archie? D’Alta Vista? De Lycos? De Yahoo! Non? C’est que vous êtes trop jeunes. Au début de l’internet, ces outils se partageaient le «marché» des annuaires de recherche. Puis Google a débarqué et ils ont tous disparu, comme des dinosaures, et avec la même mystérieuse rapidité.

Google est peut-être «né dans un garage» comme le répète mécaniquement la légende dorée de l’internet. Mais on s’est peu penché sur les vrais sponsors du garage en question. Et puis aussi sur les raisons et la manière dont l’algorithme de Page et Brin a réussi à effacer aussi définitivement la concurrence (un peu comme Facebook quelques années plus tard). Sa performance et sa qualité? Sans doute. Mais les étudiants à sweater de Stanford ont aussi reçu un petit coup de pouce venant des messieurs à cravate noire.

C’est ce parrainage qu’étudie Jeff Nesbit dans un passionnant article publié sur Quartz et dont le titre fait office de résumé: «La véritable origine de Google réside en partie dans les subsides de recherche octroyés par la CIA et la NSA pour la surveillance de masse».

Théorie du complot? Peut-être. Mais Jeff Nesbit n’est pas n’importe qui. Romancier, directeur d’ONG et essayiste, il fut aussi l’un des plus éminents mandarins du système de communication américain sous les administrations Bush et Obama.

Quel conspirationniste non agréé aurait osé, par exemple, écrire ceci:

«L’histoire de la création délibérée de l’Etat de surveillance de masse moderne comprend des éléments liés à l’origine surprenante, et largement méconnue, de Google. C’est une genèse un peu différente de celle dont le public a eu connaissance, et elle explique ce que les cofondateurs de Google, Sergey Brin et Larry Page, ont entrepris de construire et pourquoi.

Mais ce n’est pas seulement la genèse de Google: c’est la genèse de l’Etat espion lui-même, et de ce qui l’a financé.»

PS — Si vous ne tenez pas à être radiographiés jusqu’à votre dernier recoin de vie privée, vous pouvez toujours faire tourner des moteurs de recherche plus pudiques, comme DuckDuckGo ou le français Qwant...