Salué pour la qualité de la réalisation, le nouveau film de Christopher Nolan est également contesté pour son biais historique… notamment en France. Jacques Sapir livre une brillante et profonde analyse du mythe de l’«inertie» de l’armée française en 1940.

« Dunkerque » (Dunkirk) […] relance le mythe d’une armée française qui ne se serait pas battue lors des tragiques semaines de mai et de juin. De fait, ce film mélange un point de vue allemand et un point de vue (non professionnel) américains. La réalité fut tout autre. Non que l’armée française n’ait été battue. Mais cette défaite est avant tout à mettre sur le compte d’une stratégie inadaptée, et, surtout, la défaite française de 1940 doit bien plus à des causes politiques qu’à des causes militaires. S’il y a eu effondrement de la France, il fut d’abord politique.

Un article précieux, qui nous restitue tout le contexte stratégique et politique du début de la IIe Guerre mondiale. Soulignant entre autres l’incompétence opérationnelle et le cafouillage côté allemand, une dimension très peu relevée par le «mainstream» historiographique.

Tout cela étant posé, peut-on reprocher aux Britanniques de «tirer la couverture à soi» au sujet d’un épisode tragique et héroïque de leur histoire — qui appartient également à l’histoire de France? La France ne pourrait-elle pas répliquer par un chef-d’œuvre cinématographique illuminant son passé plutôt que de se plaindre de son dénigrement par les autres?

(Question purement rhétorique…)