L’Antipresse chronique rarement les sorties cinéma. Non que nous n’aimions pas le cinéma, mais parce qu’il n’y pas grand-chose à chroniquer. Le cinéma oscarocentré à la sauce américaine fonctionne sur des stéréotypes de plus en plus lourds et ses immenses capacités créatrices tendent à se réfugier dans les séries télévisées. Le cinéma français ne convainc plus que dans la comédie — signe que la tragédie guette au coin des rues —, et les autres productions nationales sont en passe de tomber (à l’exception de quelques films primés) dans la catégorie «art et essai».

Il est d’autant plus important de signaler un film valable quand d’aventure il se présente. Get Out, de Jordan Peele, ne comporte pas de grandes vedettes. C’est un thriller à budget relativement limité. Il se déroule pour l’essentiel en un huis-clos qui pourrait aisément être transposé au théâtre. Et il est annoncé par le slogan le plus plus efficace qu’on ait vu depuis longtemps: «Ce n’est pas parce que vous êtes invité que vous êtes le bienvenu».

Plus encore que les mauvais films, nous détestons les critiques indiscrètes qui dévoilent tout de la trame. Oui, il y a invitation, oui, il y a un problème racial comme l’affiche le suggère. Et nous n’en dirons pas davantage. Sinon que le conflit de race n’est pas fondamental. Il recouvre en réalité une perversion bien plus universelle.