Qu’un groupe de fans endurcis aient été déçus par la «trahison» de l’héritage de Luke Skywalker dans Star Wars VIII est une chose. Mais lorsque l’interprète du héros lui-même, l’acteur Mark Hamill, se joint à la bronca, c’est que quelque chose cloche sérieusement.

Pourquoi ce personnage volontaire, invincible et si rayonnant d’énergie sombre-t-il soudain dans le défaitisme et la dépression? Où est la cohérence psychologique? La continuité? La recension très fine du film sur Contrepoints soulève la question clef de ce huitième avatar, qui peut être étendue à une grande partie du cinéma actuel: la disparition de l’auteur.

> «Ce qui s’incarne néanmoins dans le film de Rian Johnson, comme dans les pétitions qu’il engendre, c’est, d’une certaine façon, la manière dont les uns et les autres continuent à désirer l’auteur. Nous ne saurions contempler Star Wars comme s’il s’agissait d’un film sans auteur.»

Et si notre époque de doute et d’atomisation nous contraignait tous, à tout moment, à chercher notre auteur — notre guide — en nous-mêmes, dans une totale subjectivité? Star Wars est depuis ses débuts un concentré des mythes de l’époque. La saga en serait-elle arrivée à chroniquer l’aboutissement extrême de la rééducation ultralibérale?