Dans un bel article du Temps intitulé «Le livre comme une illumination», Georges Nivat évoque le grand livre d’entretiens de Gérard Conio avec Vladimir Dimitrijević qui vient de paraître (Béni soit l’exil! Propos d’un éditeur engagé. Editions des Syrtes/L’Age d’Homme).

«Dimitri» était un personnage incernable, un caractère entier et total se servant, tel un oracle, des livres qu’il publiait comme de supports divinatoires. Nivat, qui l’a bien connu, demeure fasciné après tant d’années:

«Ce grand éditeur qui avait une fringale d’éditer a peut-être trop publié. L’objet livre paru, ne l’intéressait plus, le marketing n’étant pas son fort. Ce qui restait c’était la «lettre reçue» par ce lecteur génial de chaque texte qu’il aimait, et qu’il nous forçait (et force encore) à aimer... Ce qu’il voulait c’était le court-circuit entre les âmes.»