En même temps qu’on se préoccupe (un peu tard) de mettre des garde-fous à l’expansion de l’intelligence artificielle, les médias s’avisent en cascade de la baisse objective et spectaculaire du quotient intellectuel dans les pays d’Occident. 15 points en Grande-Bretagne, 4 points en France durant ces quinze dernières années!

Le QI est un indice qui vaut ce qu’il vaut, en attendant il constitue une jauge plus ou moins mondialement admise — et qui quantifie, justement, l’intelligence selon des critères rationalistes occidentaux. Or, selon ces mêmes critères, ce sont désormais des nations d’extrême-Orient qui passent pour les plus intelligentes.

Les explications avancées par les «spécialistes» européens témoignent elles-mêmes d’un recul alarmant de la capacité de discernement parmi notre population instruite. Facteurs chimiques dans l’alimentation… Jeux vidéo et accoutumance aux écrans… Baisse du niveau de vie… On examine tout sauf ce qui saute aux yeux: l’effondrement du niveau de l’instruction et des exigences scolaires! Et si la baisse du QI moyen des pays occidentaux résultait de la dégradation constante du système scolaire qui y sévit depuis une trentaine d’années ? se demande François Asselineau, en notant le contraste avec les systèmes scolaires asiatiques:

«Comment ne pas noter, à cet égard, que les pays qui se hissent en tête du classement mondial sont tous des pays de tradition confucéenne (Chine, Taïwan, Hong Kong, Singapour, Corées, Japon)? Je rappelle que, respectant la tradition confucéenne, l’enseignement à l’école y a conservé toute sa vitalité et toutes ses exigences. Les professeurs sont toujours très respectés et l’apprentissage du savoir y est à la fois très valorisé et très performant. L’accent y est toujours mis sur la nécessité de l’effort et de l’assiduité. Dans tous ces pays, l’éducation s’ouvre bien entendu aux innovations technologiques du monde contemporain, mais se défie des expériences pédagogiques hasardeuses : elle préfère les méthodes exigeantes qui ont fait les preuves de leur efficacité sur long terme.»

Le naufrage de l’instruction publique en Occident est un désastre répertorié et dénoncé de longue date, sans aucun effet, par des intellectuels de tous bords. A ce diagnostic connu, l’on pourrait ajouter un autre facteur aggravant sous nos latitudes: l’instauration d’un unanimisme intellectuel de plus en plus étroit, entraînant les individus à ne plus voir ce qu’ils voient et à ne plus comprendre ce qu’ils comprennent du monde qui les entoure, que ce soit en matière de migration, de violence, de questions «sociétales» et minoritaires, de culture, d’identité.

Loin de s’alarmer sérieusement de la baisse des capacités intellectuelles, de la formation linguistique et culturelle et des facultés logiques des nouvelles générations, les élites européennes s’en accommodent au contraire et même les favorisent par des programmes scolaires démagogiques. La docilité et le conformisme deviennent des ascenseurs sociaux alors que l’esprit critique et la pensée autonome sont de plus en plus assimilés à des attitudes socialement hostiles.

Nous commençons à voir les fruits concrets de cette antisélection des élites avec l’avènement d’élus, de «chercheurs» universitaires, de militants et de journalistes à la mode dont l’exposition médiatique surgonflée ne fait que souligner l’indigence mentale et culturelle confinant au crétinisme.