Ce doit être l’influence du vin local, chaleureux et charpenté: Gaillac est aussi un pays où il reste encore des professeurs indépendants d’esprit. L’affaire pourrait être une parodie concoctée par le Gorafi, mais elle est bien vraie.

Pour avoir voulu sauver du rebut les tableaux noirs de leur collège, six professeurs du cru ont été accusés de vol. Leurs arguments semblaient pourtant irréfutables.

Dès le mois de décembre, ils avaient adressé un courrier à la cheffe d'établissement, pour sauver «leur outil de travail», faisant valoir l'intérêt pédagogique pour le tableau noir plutôt que le tableau blanc mais aussi des arguments écologiques (pas de solvant) et financier (faible coût de la craie).

Comme on n’avait pas daigné répondre à leur requête, «les enseignants aidés par des parents d'élèves sont venus chercher les tableaux avec des camionnettes. La gendarmerie est alors intervenue, et les tableaux laissés sur place.»

Des domiciles ont donc été perquisitionnés et une pétition lancée en défense des voleurs. Quels obscurantistes rétrogrades! Vouloir enseigner à la craie plutôt qu’au marker à l’heure où les écoliers sont massivement équipés de tablettes. Comment fera-t-on pour écerveler les jeunes générations (et enrichir d’autant les fabricants de haute technologie) si les enseignants commencent à s’accrocher à des outils dépassés d’un autre siècle comme les moules à leur rocher?

Au fait, tout cela se passe au collège Albert Camus. L’auteur de l’Etranger doit tourner comme une toupie dans son cercueil de vieux bois.