Rédactrice en chef de Bilan, Myret Zaki livre un état des lieux particulièrement franc et délié de l’environnement économique global. Inflation, chômage, récession: tous les indicateurs sont désormais passés au filtre de la méthode Coué. L’optimisme est partout de rigueur. Des chiffres «encourageants» sont avancés hors contexte et sans mention de leurs contrecoups éventuels. C’est ce qu’elle appelle l’«économie Coca Zéro»: le plaisir sans les calories et la culpabilité.

«…les statistiques économiques des grands pays, elles aussi, deviennent un peu Coca Zéro: beaucoup de marketing, une croissance sans conséquences, et on ne met pas l’accent sur les aspects moins reluisants. (…) On annonce, aussi, des PIB constamment en hausse, mais c’est dans les pays développés où il croît le plus que la dette enfle le plus, et que les réalités sociales sont les plus cruelles. Ainsi, les Etats-Unis battent systématiquement l’Union européenne sur le front de la croissance du PIB, dépassant les 2% par an depuis plusieurs années et faisant sans cesse pâlir les pays du Vieux Continent. Mais à quel prix ?»

Bref, sous une appellation plus familière, ce n’est autre que le versant économique de l’hypernormalisation à la soviétique. Pour tenir tranquilles les foules, on construit un monde parallèle, plus simple que la réalité crue, uniquement fondé sur le management de la perception...

• Lire: Slobodan Despot: «Pourquoi il ne se passe rien», Antipresse n° 101, 5.11.2017.