Cet ingénieur de chez Google avait sans doute pris sa tâche trop au sérieux lorsqu’il rédigea un mémo interne sur le fonctionnement de son entreprise en y épinglant les absurdités d’une approche idéologique du monde du travail.

Le 8 août, au lendemain de la divulgation de son rapport, James Damore était viré séance tenante. Une furieuse bronca médiatique s’en est suivie, où la vérité des faits fut la principale victime.

Deux jours plus tard, face à la publicité faite au cas Damore, Google se plaignait d’être la cible d’une campagne de l’extrême droite.

Or qu’avait réellement écrit — en substance — ce brillantissime jeune ingénieur, formé à Princeton, à Harvard et au MIT?

  1. que les gens de chez Google souffraient d’un a priori gauchiste qui les rendait sourds aux opinions différentes;

  2. que l’inégalité d’emploi entre les hommes et les femmes pouvait être en partie attribuée à des différences universelles entre les sexes;

  3. que Google pourrait faciliter l’embauche des femmes par des moyens non illégaux plutôt que de pratiquer la discrimination positive.

Les gens normaux y auraient vu une incitation bienvenue à l’ouverture du débat venant d’un chercheur compétent et bienveillant. La hiérarchie de Google — et les médias associés — n’y ont vu qu’un blasphème. Le licenciement express du blasphémateur ne faisant que confirmer la justesse de son diagnostic.

Les médias de grand chemin, CNN en tête, se sont surpassés en matière de distorsions, raccourcis et citations malveillantes. L’accusation capitale de «sexisme» est fondée sur une extrapolation selon laquelle Damore aurait affirmé que «Les femmes sont biologiquement inaptes à la technologie». Or l’auteur du mémo affirme explicitement le contraire:

«Je ne dis pas (…) qu’on devrait assigner les gens à leurs rôles génériques; je défends l’opposé exact: que les gens devraient être traités en tant qu’individus et non simplement en tant que membres de leur groupe (tribalisme).»

…et autres slogans de la même eau!

Au fait, comment Google en est-elle venue à se croire menacée par l’extrême droite?

C’est assez logique:

A) La restitution caricaturale des propos de James Damore dans les médias de grand chemin le fait passer pour un sexiste de droite, ce qu’il n’est pas — lui attirant du même coup les sympathies imméritées de l’électorat de base de M. Trump.

B) Les premiers à avoir donné la parole à l’hérétique sont des altermédias hâtivement classés dans l’«alt-right» et l’extrême droite par des médias terrorisés par cette concurrence. En premier lieu Stefan Molyneux [1], qui a réalisé un long entretien avec Damore sur YouTube. Les mêmes proposent également à la lecture le document source, ce que les médias de grand chemin oublient généralement de faire.

Cette «tempête dans un verre d’eau» illustre en particulier la nervosité extrême d’une élite dirigeante dont le divorce avec la réalité est consommé, et qui du coup mène une guerre de religion contre toute manifestation de bon sens. Il est particulièrement cocasse de voir le degré d’aveuglement idéologique dont souffre une entreprise d’information qui se dit à la pointe du «journalisme 2.0»…

Quant à l’ingénieur licencié, il n’a pas de soucis à se faire pour son avenir. Julian Assange — entre autres — lui a proposé du travail chez WikiLeaks, expliquant que «la censure, c’est pour les losers»

NOTE

  1. Face à l’étiquetage sommaire dont il est l’objet, le blogueur ironise: «C’est amusant de se voir traiter de “alt right" par 20 médias - pourquoi ne présentent-ils pas simplement mes arguments? Est-ce qu’ils ne font pas confiance à leur public?»