Parmi une rimambelle de pays où les journalistes sont enlevés, lynchés, harcelés, emprisonnés, assassinés — au hasard: en Turquie, à Malte, au Mexique — Reporters sans frontières a choisi le lauréat de son prix «Liberté de la Presse» en… Pologne.

Parmi tous les sujets qui agitent aujourd’hui la société polonaise, RSF a choisi… une théorie du complot.

Parmi les complots à disposition, RSF a porté son dévolu — tiens donc — sur les soupçons d’ingérences russes.

Parmi les complotistes de service, RSF a choisi le plus vendeur: Tomasz Piątek, de la Gazeta Wyborcza. Lequel a accusé dans un livre-choc le ministre de la Défense Antoni Macierewicz, pourtant atlantiste notoire, d’entretenir des liens avec les services de renseignement russes.

Le problème de Tomasz, c’est qu’il n’a pas pris la peine d’étayer ses allégations. Et qu’il s’est donc attiré des procès en diffamation. Hou, l’affreuse persécution de la liberté de la presse!

«Pour ce qui est des liens supposés de Macierewicz avec Poutine, en voici un exemple : lors de ses voyages officiels aux USA, Macierewicz a rencontré le lobbyiste américain Al d’Amato, un ancien sénateur républicain. Al d’Amato a soutenu Donald Trump pour l’élection présidentielle, et Donald Trump est, comme chacun sait, l’ami de Poutine. C’est à peu près le niveau du livre, même s’il y a des accusations plus précises qui valent en ce moment à Tomasz Piątek deux procès en diffamation de la part de Polonais supposés être d’autres agents de liaison entre Macierewicz et les services russes.»

…Et le problème de RSF, c’est que pour faire mousser l’affaire, elle avait annoncé que Tomasz avait été traduit devant un tribunal militaire. Ce qui était tout simplement faux. Une fake news pourtant dûment diffusée par nos Radoteurs sans Frein et reprise par les médias français. Ceux-là mêmes, en général, qui se piquent de faire la chasse aux fake news!