La Vie relève un curieux «recadrage maçonnique» à peine camouflé, sur Twitter, de la nouvelle secrétaire d’Etat à l’égalité homme-femme Madeleine Schiappa par une supposée «sœur en maçonnerie», la journaliste-apparatchik Françoise Laborde. L’article, très bien renseigné, regorge de détails intéressants sur le vocabulaire de la maçonnerie de rang inférieur, mais surtout sur les tensions qui agitent le féminisme français:
«Outre le fait qu'il s'agit de deux personnalités publiques qui n'ont jusqu'ici ni l'une ni l'autre parlé de leur appartenance supposée en public, le côté incongru de cette affaire réside dans le fait qu'elle se déroule... en public, justement. Car si chaque franc-maçon est libre de révéler sa propre appartenance ou de la cacher, il fait serment au jour de son initiation de ne jamais dévoiler l'appartenance d'un autre franc-maçon […] Une telle entorse publique à l'étiquette maçonnique est révélatrice des tensions qui agitent la franc-maçonnerie dite « adogmatique », celle qui, du Grand Orient de France à la Grande Loge féminine de France en passant par la Grande Loge de France, se préoccupe de sujets sociétaux. Car la rupture est désormais consommée entre « anciennes » (féministes universalistes, pour qui les droits de la femme sont inaliénables, quelles que soient les cultures et les époques) et « modernes », pour qui le féminisme doit s'adapter à chaque culture sous peine de n'être qu'un avatar du colonialisme.»