Décidèment, le progrès de l’égalitarisme s’emballe! Le passé simple sera retiré de l’enseignement dans les écoles françaises. Cela faisait trop élitaire!

L’essayiste Alain Borer réagit dans Le Point à cette nouvelle régression. Et ses remarques sont profondes et justes. A commencer par celle relevant que cette forme temporelle n’avait rien d’aristocratique ni de particulièrement recherché.

«Le passé simple se lisait dans des millions de lettres de poilus entre 1914 et 1918, s'entendait dans les campagnes à l'époque de Racine, et se trouvait encore dans les colonnes du journal L'Équipe jusqu'à ces temps récents ! Il s'agit d'une pensée de la temporalité par une communauté de représentations, élaborée pendant mille ans (datation du grammairien belge Hanse), c'est-à-dire d'une vision anthropologique particulière, et par extension, d'une question de civilisation.»

Il relève également que, «pour des raisons politiques», l’Education nationale est responsable de la disparition du passé simple:

«De plusieurs façons : en n'enseignant plus la langue française à travers sa littérature (mais par des articles de presse, de la littérature jeunesse, voire du rap) et en réduisant le nombre d'heures d'enseignement de français. L'association Sauver les lettres a montré qu'un enfant scolarisé aujourd'hui reçoit, rien qu'en primaire, 630 heures de français de moins qu'un enfant des années 1960. Presque deux ans !»