Les massacres de Ghouta et de Khan Cheïkhoun, en Syrie, ont ému la planète. Des centaines de civils y ont été massacrés à l’arme chimique. Aussitôt, l’administration US et ses satellites ont pointé du doigt le gouvernement de Damas sans avancer un début de preuve et sans expliquer en quoi des crimes révoltants contre sa propre population pouvaient servir la cause de M. Assad. Seul le gouvernement, selon eux, possédait de tels moyens de destruction.

Or voici que l’administration américaine admet par la bande que ses alliés de circonstance — en l’occurrence le groupe Hayat Tahrir al-Sham — possèdent des armes chimiques et qu’ils les ont utilisées. Elle le fait de la manière la plus anodine, au travers de ses admonestations aux voyageurs à l’étranger.

Déconseillant tout déplacement en Syrie, le Département d’Etat note entre autres que

«La tactique de l’EI, de Hayat Tahrir al-Sham et d’autres groupes extrémistes violents comprend le recours aux kamikazes, à l’enlèvement, aux armes lourdes et légères, aux bombes artisanales et aux armes chimiques.»

Or il se trouve que le groupe en question, allié à d’autres mouvements salafistes, contrôlait justement la ville de Khan Cheïkhoun en avril dernier, lorsque ledit groupe a accusé l’aviation syrienne d’avoir bombardé les civils au gaz sarin. Il n’a pas permis pour autant que des enquêteurs indépendants viennent vérifier ses accusations.

«Pendant ce temps, HTS et ses alliés ont interdit jusqu’à ce jour l’accès du site du massacre à tout groupe d’observateurs international. La mission d’enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, par exemple, a admis que “pour des raisons de sécurité, la mission n’a pas été en mesure de visiter Khan Cheïkhoun".»

Pendant des mois et des années, les médias de grand chemin occidentaux ont relayé sans vérification ni contre-enquête les manipulations de l’«opposition» syrienne — laquelle s’est avérée entièrement composée d’extrémistes à la solde de puissances étrangères. Mieux encore, ils ont discrédité comme «partisans de Bachar» tous ceux qui mettaient en doute leur narration.

Mais cette narration, justement, a échoué et il s’agit d’ensevelir le caca sous le tapis. L’avertissement aux voyageurs du Département d’Etat fait partie de la tactique. Plutôt que de laisser éclater la baudruche, on procède par dégonflage progressif. D’ici quelques mois, lorsqu’il seront bien contraints d’entériner le maintien en place de Bachar al Assad, nos maîtres et leurs porte-voix médiatiques diront qu’ils ont «toujours su» que les djihadistes travaillaient au gaz sarin…