«Les Russes nous veulent la guerre!». C’est en résumé la déclaration du nouveau ministre de la défense britannique dans une interview
parue en première page du quotidien The Telegraph du 28 janvier. Pour justifier l’alarme ainsi lancée, Gavin Williamson accuse la Russie d’espionner les infrastructures les plus sensibles de Grande Bretagne et notamment les câbles sous-marins de communication qui la relient au monde. Il a également prévenu des dangers d'une possible «agression russe» pouvant causer des milliers de morts. Le journaliste du Telegraph ne lui a pas demandé si la Russie ne devait pas avoir, elle aussi, des motifs d’inquiétude en constatant le renforcement de la présence militaire de l’OTAN à ses frontières.

Plus frivole que The Telegraph, le Daily Mail a une autre explication à donner au souci légitime que le nouveau ministre britannique se fait pour son pays. Il révèle dans son édition du même jour que le fringant quadragénaire, qui se profile pour prendre la tête du Parti conservateur, a entretenu en 2004 une liaison extra-conjugale qui a failli remettre en cause son mariage. Or, Theresa May avait choisi Williamson en novembre dernier pour remplacer Sir Michael Fallon soupçonné d’avoir posé sa main sur le genou d’une journaliste. Conclusion : pour se racheter de sa faute, Williamson n’avait d’autre choix que de détourner l’attention et mobiliser l’opinion sur un autre thème moins scabreux et plus porteur. C’est ce qu’on appelle de la grande politique.