Will Self est l’un des auteurs de science-fiction les plus intéressants du moment. Dans un entretien accordé à l’excellente plateforme de prospection Usbek & Rica, il entérine les obsèques de nos rêves d’avenir. Le pessimisme radical formulé par un bel esprit finit, paradoxalement, par nous redonner espoir en l’humain.
En rejetant l’enfer technologique, Will Self n’est pas dupe non plus des alternatives «façon hippie» proposées. Quel retour à la nature quand il n’y a plus de nature où retourner? Quelle abstinence quand l’individu socialisé est défini par sa consommation?
Et d’exécuter un à un les mythes incontournables du temps tel que le progrès dans le «développement durable».
A lire sans délai…
«Ce qui se faisait en matière de littérature dans les années 1960 et 1970, quand on s’imaginait que nous allions tous manger des pilules et nous déplacer grâce à des propulseurs sous nos chaussures, était une sorte d’aspiration au progrès. Elle était légitime car des innovations extraordinaires voyaient le jour. Les antibiotiques, ou même la bombe nucléaire, nous permettaient de prendre le contrôle. Je n’ai plus l’impression que ce genre de choses se passent aujourd’hui. L’obsession des gens pour la révolution de l’information est un phénomène nombriliste. Je ne suis pas convaincu que le Web apporte une quelconque valeur supplémentaire au monde. Il améliore la circulation de l’argent, des produits et des informations, c’est certain. Mais il n’est qu’une façon pour le capitalisme de faire encore plus d’argent, de se renouveler pour continuer à exister.»