Le site Les Crises offre une traduction bienvenue de la prodigieuse imprécation de Chris Hedges sur la capacité d’auto-illusion de notre société en phase terminale. «Dans les derniers jours des civilisations qui s’écroulent, les idiots prennent la relève», observe d’emblée l’illustre journaliste américain, pour enchaîner sur un manifeste qui rivalise de franchise et de lucidité avec les prophéties d’un Caraco, d’un Zinoviev ou d’un Cioran.

«Plus les signes avant-coureurs se font palpables – l’accroissement de la température, les effondrements financiers mondiaux, les migrations de masse, les guerres sans fin, les écosystèmes empoisonnés, la corruption rampante dans la classe dirigeante – plus nous nous tournons vers ceux qui chantent, soit par idiotie, soit par cynisme, le mantra que ce qui a fonctionné dans le passé fonctionnera à l’avenir et que le progrès est inéluctable. Les preuves factuelles, parce qu’elles font obstacle à notre désir, sont écartées.»