Vivifiant entretien dans Le Vent se lève avec Johann Chapoutot, professeur d’histoire à la Sorbonne et spécialiste de l’Allemagne nazie. Et si le régime le plus décrié de tous les temps n’était qu’une variante de… la démocratie occidentale?
A cette thèse périlleuse, le jeune universitaire apporte des arguments qui devraient nous faire réfléchir.
«Mais au niveau des idées, si l’on fait une analyse de la vision du monde nazie, si on décompose le nazisme en ses éléments constitutifs : le racisme, l’antisémitisme, l’eugénisme, le darwinisme social, le capitalisme version enfants dans les mines, le nationalisme, l’impérialisme, le militarisme… on découvre que ces éléments sont d’une grande banalité dans l’Europe, et plus largement dans l’Occident de l’époque. Les nazis puisent largement dans la langue de leurs contemporains, et c’est ce qui les rend fréquentables jusqu’au début de la guerre. On se demande pourquoi les démocraties n’ont pas réagi face au nazisme ; d’une part, elles avaient autre chose à faire. D’autre part, elles considéraient que ce que faisait Hitler dans son pays était honorable…»