MH-17 | Juges et parties
Le Joint Investigation Team (JIT) d’une équipe d’enquêteurs vient d’annoncer que la Russie aurait abattu le vol MH17 de la Malyasian Airlines qui survolait le sud-est de l’Ukraine en pleine guerre civile le 17 juillet 2014 avec 298 passagers à son bord.
Cela n’a rien d’une surprise. Dès le départ, l’équipe d’enquêteurs avait le Kremlin dans le collimateur. Toutes les infos qui ont été dévoilées pendant ces quatre années d’enquête ont toujours éclaboussé Moscou malgré de nombreuses pistes suggérant une responsabilité ukrainienne.
Or, c’est précisément là que cette équipe d’enquêteurs perd sa crédibilité. Nul n’ignore la pression que les pays de l’Otan font subir à la Russie (déstabilisation de l’Ukraine, sanctions économiques, montages politiques type Skripal, financement des « rebelles » en Syrie…) et on aurait du mal à croire à l’objectivité des puissances de l’Otan dans un procès où la Russie ferait partie des accusés. Pourtant l’équipe des enquêteurs du JIT est précisément conduite dans un pays membre de l’Otan (les Pays-Bas) avec un autre membre de l’Otan (la Belgique) et un allié de l’Otan (l’Australie). Mieux encore, l’Ukraine, aujourd’hui dirigée par un gouvernement issu d’un coup d’Etat antirusse, fait partie de l’équipe d’enquête alors qu’elle fait aussi partie des suspects.
Cela dit, le chef des enquêteurs, Fred Westerbeke, a souligné que « l’enquête était dans sa phase finale (…) et qu’il y avait encore du travail à faire. Nous avons acquis beaucoup de preuves, mais nous ne sommes pas encore prêts à procéder à des accusations. »
En clair, on ne sait toujours pas qui a tiré. L’expert suisse en sécurité Alexandre Vautravers — peu soupçonnable de sympathies prorusses — reste perplexe. L’enquête lui apprend seulement « que le missile a appartenu à une unité des forces aériennes russes. (…) L’appartenance est une chose, le fait d’avoir appuyé sur le bouton en est une autre ». Et de conclure que l’on ne saura probablement jamais la vérité.
Dans son entretien avec Oliver Stone, Vladimir Poutine l’a déjà dit en 2017: les Américains ont tout vu du haut du ciel, mais ils se taisent. A qui profite leur silence?
(Avec Nikola Mirković et Jean-Marc Bovy)
May 27th, 2018