Le monde des services secrets travaille usuellement dans la pénombre. C’est un monde gris, diffus, censé percer à jour des secrets et savoir les garder. Jusqu’à présent, les agents de Sa gracieuse Majesté étaient d’autant plus efficaces qu’ils savaient être discrets.

Mais la modernité est passée par là. Désormais - puisque l’argent n’a pas d’odeur – il faut que les agents secrets aient, eux, une couleur. Plusieurs couleurs, même. Au nom de la diversité et de l’égalité. C’est pour cette raison que le MI6 anglais, in a diversity drive (dans un élan de diversité) a décidé d’ouvrir ses rangs à des personnes de sexe féminin, des Noirs, des Asiatiques, des minorités ethniques et des étrangers.

Ce n’est plus l’aptitude à collecter des informations indispensables à la sécurité qui compte, mais la composition multicolore, multiethnique et multinationale du personnel. Ici comme ailleurs, la forme prend la place du contenu pour toucher le fond. Au diable la sécurité, puisqu’il est sûr que rien n’est plus sûr et que si l’on engage dans ses propres rangs ceux qu’on est censé surveiller, il ne reste plus qu’à se surveiller soi-même, ce qui est beaucoup plus simple.

De plus, les informations seront enfin politiquement correctes à défaut d’être avérées. Avec, par souci d’égalité dans les investigations, une garantie d’équité entre les groupes ethniques, sociaux et nationaux. Le ciel gris du MI6, afin d’être politiquement correct, deviendra enfin un arc-en-ciel, un organe globalisé, transparent et ouvert, aussi inefficace qu’éthiquement irréprochable.

Puisque le gouvernement britannique a décidé d’ouvrir le MI6 à tout le monde, sans privilèges, autant y aller gaiement ! Les Britanniques auront enfin des services secrets sans secrets.

Cerise sur le gâteau, l’inévitable absence de secrets sera accessible à tous et une civilisation plurimillénaire aura fait un pas de plus vers son autodissolution.

À quand un 007 rasta ?