On prêtait à George Bush Sr. la promesse faite à Gorbatchev que l’OTAN n’avancerait pas d’un pouce en direction de l’Est après la réunification de l’Allemagne. Comme le révèle la publication faite le 17 décembre par la très officielle « National Security Archive », la phrase a été prononcée par le Secrétaire d’Etat James Baker dans les entretiens qu’il a eus avec Gorbatchev le 9 février 1990 à Moscou.

«Nous comprenons qu’il est important non seulement pour l’Union soviétique mais aussi pour d’autres pays européens, d’obtenir des garanties que si les Etats-Unis maintiennent leur présence en Allemagne dans le cadre de l’OTAN, l’actuel territoire couvert par l’OTAN ne progressera pas d’un pouce (inch) en direction de l’Est.»

Du côté américain, on a longtemps démenti qu’une telle promesse aurait été faite. La seule excuse qui est donnée aujourd’hui est que Gorbatchev aurait dû exiger des garanties écrites. Pas plus qu’à la perfide Albion, il ne faut donc se fier à la parole de sa digne émule américaine. Mais en aurait-il été vraiment autrement, si les choses s’étaient faites par écrit? Permettez-moi d’en douter, nous dit Stephen F. Cohen, professeur honoraire des universités de Princeton et de New York et conseiller à la Maison Blanche pendant les belles heures de la détente. Cohen estime que «Washington, dans la perspective de faire progresser l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, aurait violé un tel traité (portant sur les limites de l’OTAN) de la même manière qu’il s’apprêtait bientôt à violer un autre traité tout aussi crucial». Il veut parler ici du Traité INF sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, qui a été dénoncé unilatéralement en 2001 par George W. Bush pour lui permettre de poursuivre son programme en cours de défense anti-missile, en violation dudit traité [1].

NOTE
  1. « On 13 December 2001, President of the US, George W. Bush gave Russia a 6-month notice of US intent to withdraw from the Anti-Ballistic Missile Treaty so that the US could pursue development of the program at that time known as National Missile Defense (NMD), which was already under way in potential violation of US treaty obligations.»