Le spectre Ebola plane de nouveau. Il fait déjà recette dans la presse avant de remplir les poches des marchands de vaccins. A des milliers de kilomètres d’une province reculée du Congo, où un nouveau foyer d’épidémie aurait été identifié, un journal de Montréal peut en faire un titre: «Ebola a fait une nouvelle victime au Congo». Le Monde prend la menace très au sérieux: «Ebola est présent partout et potentiellement en chaque villageois», alors que seuls quelques dizaines de cas ont été dénombrés en République démocratique du Congo. L’OMS envoie ses experts sur les lieux et lance l’alerte.

En 2014, l’état d’urgence avait été déclaré dans l’Ouest africain. Rétrospectivement, on ne compte au total pas plus de 11000 victimes de ce qui était présenté comme un fléau mondial. On rétorquera que c’est beaucoup et que le pire a pu être évité grâce aux campagnes de vaccination et à l’aide humanitaire qui s’est déversée sur l’Afrique. Or, la mise en quarantaine aurait fait beaucoup plus de morts en ruinant le système de santé et l’économie des pays touchés. L’UNICEF nous apprend ainsi que plusieurs dizaines de milliers de femmes sont mortes en couches en raison du refus des accoucheuses de les assister par crainte d’être contaminées. Le désastre économique ressort des statistiques de la Banque mondiale qui a chiffré à 32,6 milliards de dollars sur deux ans les pertes économiques pour les trois pays les plus touchés (Guinée, Sierra Leone, Liberia).

C’est ainsi que l’aide humanitaire ruine ceux qu’elle prétend secourir et crée les conditions pour une prochaine épidémie, car Ebola, comme beaucoup d’autres maladies, ne se développe que dans un contexte de misère.