On ne plaisante pas avec la profanation des tombes dans un pays aussi sourcilleusement catholique que la Pologne. C’est dire si la décision du gouvernement d’exhumer les dépouilles encore accessibles des victimes de l’accident d’avion de Smolensk a fait polémique. Mais les constatations faites sont bien plus choquantes encore. Des restes humains perdus ou mélangés dans les mêmes cercueils, des autopsies jamais pratiquées, etc. Le compte rendu du Višegrad Post évoque un film d’horreur gothique:

«Le 30 mai, on apprenait la présence dans le cercueil du général Włodzimierz Potasiński, commandant des Forces spéciales polonaises au moment de la catastrophe, des restes de quatre autres victimes. […] Le 31 mai, les Polonais apprenaient que le cercueil de l’évêque militaire catholique Tadeusz Płoski ne contenait que la moitié du corps de ce dernier. L’autre moitié a été retrouvée dans la tombe du général archevêque orthodoxe Miron Chodakowski. La partie manquante du corps de ce dernier n’a pas encore été retrouvée.»

Pour mémoire: à l’époque d’une tentative de rapprochement russo-polonais, l’avion transportant une polonaise du plus haut rang s’était écrasé sans survivants aux abords de Smolensk, emportant notamment la vie du président Lech Kaczyński. Les autorités russes, qui avaient recueilli et autopsié les corps après l’accident, semblent hors de cause: l’incurie, les cafouillages et les mensonges sont postérieurs à l’accident. L’affaire est très compromettante pour le parti de Donald Tusk et explique l’opposition du gouvernement polonais à sa reconduction à la présidence du Conseil européen.