«Au cas où vous demanderiez à un agent des services de renseignements [US], si les Russes n’ont pas suivi les règles ou fait quelque chose de bizarre, la réponse est: non, absolument pas». Ainsi se confie Steven L. Hall à un journaliste du New York Times à propos du Russiagate. Steve sait de quoi il parle puisqu’il dirigeait les opérations de la CIA en Russie jusqu’en 2015, quand il a pris sa retraite après 30 ans de loyaux services.

L’aveu de Steve est un secret de polichinelle. Loch K. Johnson enseigne les relations internationales à l’Université de Géorgie et fait autorité en matière d’histoire de l’espionnage US (le New York Times préfère parler de lui comme du «doyen des spécialistes américains du renseignement»). Loch le reconnaît:

«L’opération russe de 2016 était simplement la cyber-version de ce que les Américains ont fait pendant des décennies, à chaque fois que Washington s’inquiétait des résultats d’un vote étranger (…) Nous avons fait ce genre de choses depuis que la CIA a été créée en 1947. Nous avons utilisé des affiches, des brochures, des envois en masse, des calicots. Nous avons planté de la fausse information [on dirait aujourd’hui des fake news] dans la presse étrangère. Nous avons utilisé ce que les Britanniques appellent la King George’s cavalry : des valises de cash».

Combien d’années faudra-t-il attendre pour qu’un retraité de la CIA — ou d’une ONG à ses ordres — se vante d’avoir remplacé un oligarque corrompu par un autre à la présidence de l’Ukraine?