La Russie — on le sait et c’est peut-être son principal problème — est assise sur la plus vaste réserve d’énergies fossiles du monde. Selon une estimation de la statistique géologique des Etats-Unis, l’Arctique pourrait receler — quelque 90 milliards de barils d’huile exploitables et 47 trillions de mètres cubes de gaz naturel. Or c’est la Russie qui en détient, géographiquement, le plus gros morceau: 48 milliards de barils et 43 trillions de m3 respectivement.

L’exploitation de ces gisements subpolaires se heurte à des difficultés techniques considérables. Une analyse captivante de Stanislav Pritchine, publiée sur le site de l’Institut royal britannique des Affaires internationales, suggère même que l’un des motifs des sanctions occidentales à l’égard de la Russie serait de faire obstacle à cette exploitation… En attendant, on l’imagine, un «printemps russe» qui porterait au pouvoir des partenaires plus compréhensifs pour les multinationales anglosaxonnes.

«Les sanctions occidentales sont partiellement destinées à entraver la capacité de la Russie à exploiter les ressources de l’arctique, et elles ont également suspendu des projets déjà en cours avec des partenaires occidentaux. Par exemple, au lendemain de l’imposition des sanctions US en 2014, ExxonMobil fut contrainte de cesser ses activités en Russie avec Rosneft. Privée de l’aide d’Exxon, Rosneft a suspendu son exploration du champ pétrolifère Victory dans la mer de Kara.»

Cependant, l’auteur esquisse aussi le contrecoup possible de cette stratégie: le développement de technologies en interne, notamment par des partenariats entre les géants énergétiques d’Etat (Lukoil et Rosneft) avec des entreprises privées russes ayant accumulé du savoir-faire de pointe, entre autres, dans des contrats à l’étranger.

Après avoir forcé la Russie à assurer son autarcie agricole, l’Occident va-t-il une fois de plus se tirer dans le pied?