Le conseiller national et président de Collombey-Muraz Yannick Buttet était l’une des étoiles montantes du Parti démocrate-chrétien suisse. En quelques jours, suite à la révélation de sa vie secrète de coureur et harceleur de femmes, il a tout perdu. Avant même que son procès devant la justice ait commencé, le procès en place publique était jugé et le verdict rendu. La carrière politique de Buttet est terminée et sa vie privée sans doute irréversiblement bouleversée. Que son comportement vis-à-vis des femmes soit inqualifiable, c’est indiscutable — surtout venant d’un haut représentant du parti donneur de leçons familiales. Que la «rue» houspillée par les médias se soit substituée à la justice pour le juger est un autre fait non moins préoccupant.

Suzette Sandoz, éminente professeure de droit et figure respectée de la politique suisse, est connue pour son humour et sa pondération. Dans cette affaire, elle est sortie de sa réserve. Sur son blog hébergé par Le Temps, elle s’en prend à un certain journalisme dont Le Temps, justement, est le prototype:

«Et ce ne sont pas les “victimes" du harceleur qui sont les pires, mais, il faut le dire, des journalistes en mal de papiers. Le Temps a fait très fort sur ce plan-là. Les petits Robespierre – dont on finit par se demander s’ils sont heureux de détourner l’attention sur un bouc émissaire – se sont déchaînés. Espérons qu’après la curée, les vainqueurs repus se mettront à réfléchir. Le procès sur la place publique est frère de la guillotine!»

On attend le jour où certaines feuilles de délation proposeront à leurs cibles et «clients» de ne pas écrire sur eux en échange d’une rançon, comme ce fut la pratique du temps de Dickens. Cela pourra compenser l’érosion de leurs recettes.