Pourquoi la Poste suisse assiste-t-elle avec tant de complaisance le géant Amazon dans son projet de faire main basse sur le commerce de détail helvétique? Jusqu’ici, les médias de grand chemin et le monde politique ont été remarquablement discrets sur cette étrange alliance. En revanche, le sujet a été abordé dans l’Antipresse à plusieurs reprises («La Poste suisse comme cheval de Troie» n° 104, «Pourquoi tant de faveurs postales?» n°109, «Le fleuve Amazon», enquête de Fernand Le Pic, n° 113)). Notre Cannibale lecteur, Pascal Vandenberghe, vient de publier dans Le Temps une tribune qui commence à faire réagir la somnolente opinion helvétique. Il y pose notamment la question de fond de la mission réelle de cette institution:

«La Poste est une société anonyme de droit public, dont le seul actionnaire est la Confédération. C’est le Conseil fédéral qui fixe ses objectifs stratégiques. Première question: lesdits objectifs prévoient-ils que le développement de l’activité de La Poste puisse se faire au détriment de l’économie suisse? Amazon n’occupe aucun emploi en Suisse, et n’y paie ni taxes ni impôts d’aucune sorte. Contrairement aux acteurs de l’économie suisse, sur qui cette concurrence accrue aura à n’en pas douter des effets négatifs. Cela correspond-il à une «mission de service public»?