Le Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann est (bien involontairement) le plus célèbre des sinistres — pardon: ministres — suisses à l’étranger depuis que son allocution sur les vertus du rire est devenue virale... par le sérieux morbide avec lequelle elle fut prononcée.

Le Droopy national s’illustre encore une fois dans l’humour à rebrousse-poil en prônant la libéralisation du secteur agricole, en particulier par l’abaissement des barrières douanières.

C’est qu’il a sans doute omis de regarder par la fenêtre de son bureau. Le monde entier, à commencer par l’ONU, comptabilise désormais les ravages de l’agriculture industrielle globalisée. Les pays qui le peuvent renforcent les mesures protectionnistes. Sans compter un tout petit détail : le fait que ses compatriotes eux-mêmes viennent de voter en septembre dernier à près de 80% pour la sécurité (et donc l’autonomie) alimentaire!

Ach, petit oubli! Cette démocratie directe, quelle poisse! Le geek Schneider-Ammann avait pourtant une panacée idéale à la concurrence débridée des géants agro-industriels qu’il s’apprête à relancer : la révolution numérique!

Paysans suisses, qui arrachez encore un peu de terre arable aux terrains à bâtir les plus chers du monde, numérisez-vous!

Encore une fois, il l’a énoncé sans le moindre clin d’œil, le plus infime sourire!

Avec ses faux airs de croquemort recueilli, M. Schneider-Ammann incarne en réalité le bouffon idéal pour les puissances qui gouvernent le monde sans rendre compte à personne. Il ne nous écoute pas, mais au moins il nous amuse.