Le magazine Bilan consacre un grand dossier à un paramètre crucial du business: la réputation. Avec l’irruption des réseaux sociaux, le maintien d’une «bonne réputation» est devenu une stratégie coûteuse et complexe — et une obsession de tous les instants.

Mais l’on peut aussi soigner à moindres frais son antiréputation: il suffit de dire ce qu’on pense. Un chapitre intéressant donne la parole à quatre «francs-tireurs charismatiques» de la scène publique suisse romande dont «les affaires se portent plutôt très bien»: Bernard Nicod, entrepreneur, Pascal Décaillet, journaliste TV, Toto Morand, fondateur de l’enseigne Pump It Up et Slobodan Despot, directeur de l’Antipresse.

Le communiquant, romancier et fondateur des éditions Xenia en a profité pour livrer son credo en faveur de la liberté d’expression:

«Je m’exprime car je considère que le modèle de société où nous vivons ne peut pas exister si le franc-parler n’existe pas. On n’est pas en dictature, oligarchie, ni théocratie. Il n’y a pas de dogme central, on vit dans la culture de la diversité. Donc si je ne recours pas au pilier même de la société démocratique, et que je me comporte comme si j’étais sous un sultan, je contribue à transformer la société en sultanat. Même à un sultan, on peut lui demander grâce. Mais un régime autoritaire et théocratique où il n’y a ni pape ni empereur, où tout le monde se comporte comme s’il y avait un empereur invisible, ça, c’est le totalitarisme. J’ai grandi dans un pays où les gens fermaient les fenêtres pour dire des choses tout à fait ordinaires; je n’ai pas envie de devoir fermer les fenêtres. On me dit que j’ai une posture atypique, alors que cela devrait être la norme. La censure et l’autocensure progressent. Les réseaux sociaux ferment de plus en plus de comptes (Facebook) ou les démonétisent (YouTube). Dans un Etat de droit, la seule limite à la liberté d’expression, c’est celle que dessine la loi, ce n’est pas Facebook.»