Une semaine à peine après l’annonce d’une restructuration traumatisante en Suisse romande, le groupe de presse alémanique publie un éclatant bilan de santé dont la recette tient dans un paradoxe bien connu du capitalisme sauvage:

«Le résultat net et les marges d’exploitation sont en forte progression. Les chiffres d’affaires des médias sont en baisse.»

On souligne évidemment que «Tamedia table sur le numérique pour compenser l’évolution [négative, bien entendu] du print».

Quand des organes de presse francophones utilisent l’anglicisme «print» à la place du français «imprimé», ils font clairement comprendre que l’ère du journalisme articulé en bonne langue française est bien révolue.

Néanmoins, la dépêche est imprimée en bonne place dans les quotidiens du groupe, Tribune de Genève et 24 Heures, comme l’on fait porter aux condamnés la corde qui les pendra.