La Suisse passe pour le pays le plus riche du monde. Une brève de l'ATS du 4 août nous apprend qu'elle occupe la première place dans un autre domaine: la proportion de citoyens qui ne peuvent pas payer leurs soins! En 2016, un quart des Helvètes y auraient renoncé, selon l'Observatoire suisse de la santé. Un podium qu'elle partage avec… les Etats-Unis, vitrine des ravages de l'ultralibéralisme.

En Suisse, l'assurance maladie est obligatoire pour tous, mais gérée par des assureurs privés. Lesquels restent propriétaires de l'océan de cash constitué par les cotisations des citoyens, même lorsque ceux-ci n'ont jamais sollicité leur assurance. Les primes sont si élevées (et en croissance constante) que les plus démunis optent pour la franchise plafond (2500 francs suisses par an). En d'autres termes, ils n'ont aucune couverture pour les problèmes courants, uniquement pour les pépins graves — et encore: ils doivent quand même payer une partie du prix des soins, si coûteux que même un dixième des frais peut engloutir toutes leurs économies. Sans compter que les soins dentaires n'entrent pas dans la couverture. Certains préfèrent donc laisser tomber. La parfaite martingale dont rêvent les aigrefins de casinos!

Au pays d'Henry Dunand et de la Croix-Rouge, la gestion de la santé est avant tout une laine juteuse prélevée sur le dos d'une population de moutons captifs persuadés de vivre en régime de démocratie directe. Et qui ne trouvent donc rien à redire à la prostitution de leurs élus aux lobbies de l'assurance et de la pharmacie.