L’ex-leader des Pink Floyd, génie musical également connu pour ses positions pro-palestieniennes, a interrompu son concert de Barcelone le 13 avril dernier pour raconter une anecdote. Un journaliste français partisan des Casques blancs syriens, un certain Pascal, lui avait demandé de pouvoir monter sur scène pour parler de l’attaque chimique présumée de Douma et défendre la cause de l’organisation «humanitaire» fondée par un agent des troupes spéciales britanniques.

Il ne savait manifestement pas à qui il avait affaire. Roger Waters a publiquement motivé son refus en expliquant ce qu’étaient selon lui les Casques blancs:

«C’est une voix parmi d’autres, mais je pense personnellement qu’il a entièrement tort, je crois que l’organisation qu’il prétend représenter et qu’il soutient, les Casques blancs, est une fausse organisation qui crée de la propagande pour les djihadistes et les terroristes, c’est ce que je crois…»

Par ailleurs, la publication d’une série de mails révèle comment un mécène saoudien et ses relais ont tenté de recruter Roger Waters en faveur de la cause des Casques blancs. Cela illustre l’intensité de ce lobbying auprès des personnalités de la vie publique, dont les opinions pèsent évidemment bien plus lourd que les enquêtes et les analyses géopolitiques. Pour un esprit fort et indépendant comme Waters, combien de crédules et de cruches?

Le lobbying et la publicité sont depuis longtemps les deux principaux leviers d’influence et donc de pouvoir dans la société ultralibérale. La manipulation de masse sous le drapeau des Casques blancs, toutefois, a une visée particulièrement perverse. En exploitant les réflexes humanitaires et investissant les canaux de communication populaires du show-business, elle vise à respectabiliser les djihadistes et prolonger les souffrances de la population syrienne. Cela encore, Roger Waters l’a dénoncé avec une clairvoyance et un courage qu’on n’attend plus des invertébrés officiels. Il a souligné qu’en écoutant « la propagande des Casques blancs et certaines autres personnes, nous serions incités à encourager nos gouvernements à lancer des bombes sur le peuple syrien ».

Cela étant, les acclamations du public barcelonais montrent que la population n’est plus vraiment dupe.