«Il a une tête de pédale, celui-là!» Si la remarque venait d’un quidam dans un bistrot, elle pourrait lui valoir un procès. Mais comme elle est formulée par une nouvelle star de l’intelligence artificielle, on en débat doctement en y mettant les formes.

La science nous annonce en effet qu’un algorithme informatique a réussi à deviner les préférences sexuelles des visiteurs d’un site de rencontres avec une précision de 91%! Il y parvient «en décelant des différences subtiles dans la structure faciale».

L’étude des différences subtiles dans la structure faciale, traduite en termes de basse police, n’est rien d’autre que le tri des suspects par «délit de sale gueule». Cette pratique discriminatoire mais semble-t-il efficace sera sans doute mieux acceptée lorsque la discrimination sera opérée par un ordinateur plutôt que par des agents humains. De fait, les chercheurs de Stanford y pensent:

«Avec les bons choix de données, dit le Dr Kosinski, les systèmes d’intelligence artificielle pourraient être formés à identifier d’autres traits intimes, tels que le QI ou les opinions politiques.»

On n’aura bientôt même plus besoin d’ouvrir le bec pour être incriminé. Un logiciel d’analyse faciale suffira pour constituer le dossier à charge. A moins que les «délicates questions éthiques» soulevées par cette avancée — notamment en matière de protection de la vie privée — prennent le dessus. Ce qui n’est jamais encore arrivé, s’agissant des innovations technologiques…