Twitter est-il une plateforme politiquement neutre? Voici un exemple qui pousse à la prudence.

«Julian Assange affirme que Podesta, le chef de campagne d’Hillary Clinton, avait 7300 photos pédopornographiques», titrait récemment un article paru sur un portail conspirationniste peu surveillé. Cette accusation choc se réclamait d’un profil sur Tweeter en tous points identique à celui du fondateur de Wikileaks (@JulianAssange) — sauf que ce n’était pas le sien!

Depuis lors, le jumeau malveillant @Real_Assange a disparu et semble s’être renommé @JulianAssunge (avec un "u").

Il existe un certain nombre de faux Assange sur les réseaux. Nombre de célébrités sont victimes de ce genre de parasitage. Pour cette raison, Twitter a introduit la pratique de l’authentification des profils appartenant à des personnalités hautement exposées. Or, bien que Julian Assange entre plus clairement que quiconque dans cette catégorie, et que Twitter connaisse son vrai profil, la direction du réseau social refuse opiniâtrement de l’authentifier, mais aussi de s’en expliquer.

Cette confusion délibérément entretenue est évidemment dommageable à plus d’un titre pour l’activiste de la transparence. Elle permet, comme dans l’exemple ci-dessus, de lui attribuer des propos compromettants qu’il n’a pas tenus, mais complique également la tâche des internautes qui veulent suivre son fil.

Par contraste, Twitter a authentifié sans discuter le profil @AlabedBana, attribué à la petite Syrienne Bana Alabed qui a passé son temps depuis septembre 2016 à appeler à l’invasion de son pays par l’OTAN et au renversement d’Assad. Qu’elle ne parle pas un mot d’anglais ni n’ait l’âge de comprendre les concepts militaro-géopolitiques qu’on lui prête ne semble nullement entacher l’«authenticité» de son compte. Evidemment: ce profil de pure propagande étasunienne est «géré par sa maman»! Une maman, en l’occurrence, dont les vraies initiales pourraient bien être C. I. A.

  • (Résumé de l’analyse de Caitlin Johnstone parue sur Medium)