Engagée dans une mystérieuse fuite en avant, Bruxelles a signé un «protocole de stabilisation et d’adhésion» avec le Kosovo. Ce rapprochement soulève un double problème (qui revient au même): d’une part, un tel protocole requiert ratification par tous les Etats membres de l’Union européenne; d’autre part, lesdits membres n’ont de loin pas tous reconnu ladite narco-plateforme en tant qu’Etat souverain.

L’Espagne, elle-même en proie à un processus de sécession dans sa province de Catalogne, s’est résolument opposée à l’intégration du Kosovo, sinon en tant que province de la Serbie (elle aussi candidate à l’adhésion). Les quatre autres pays qui n’ont pas reconnu ce pseudo-Etat créé par l’OTAN — Chypre, Grèce, Roumanie et Slovaquie — se voient eux aussi forcer la main par l’initiative absurde de Bruxelles.

Les médias de grand chemin européens observent une discrétion pudique sur ce court-circuit qui ébranle l’Union dans ses fondements mêmes. En Serbie (à qui les Etats-Unis et l’OTAN ont arraché le Kosovo par la force en 1999), on regarde les choses avec amusement:

«“«La situation est plus qu'incroyable. Une partie de l'UE mène des négociations, alors que l'autre les bloque. Cela ne fait que prouver une fois de plus que le Kosovo est un projet inconsistant de l'UE", a résumé [le politologue] M.Mirovic.»