On peine à le croire : assembler des TV Samsung pendant trois mois à 12 heures par jour, sans autre droit que celui de plier l’échine, logé une demi-étoile au-dessus du cul de basse-fosse, et le tout pour 2,2 euros de l’heure, dans une précarité et un dénuement absolus. Cela se passe près de chez vous, au cœur de l’Europe, non au Bangladesh. C’est un système totalement illégal et totalement admis par les Etats concernés: la Slovaquie qui héberge ces industries et qui est membre de l’UE, et la Serbie qui fournit le 90% de la main d’œuvre. Ouvriers, ménagères, ingénieurs, professeurs, philologues… Tout y passe, venant d’un pays saccagé par les guerres et socialement dévasté par les réformes ultralibérales.

Un collaborateur de l’hebdomadaire Nedeljnik de Belgrade s’est fait passer pour l’un de ces sous-damnés de la terre 2.0, pendant trois mois: le temps admis pour un séjour en «touriste». Et son reportage est effarant. En comparaison avec cette industrie-là, l’exploitation des employés d’Amazon décrite par l’infiltré Jean-Baptiste Malet ressemble à une colonie de vacances.

On espère découvrir bientôt la traduction française de cette enquête retentissante dans les pages de Courrier International