La nouvelle est passée presqu’inaperçue dans le brouhaha de la polémique intérieure américaine. Le sonneur d’alerte Bradley (devenu femme entretemps sous le nom de Chelsea) Manning a été libéré(e) après 7 ans de réclusion le 17 mai.

Le soldat Manning fut arrêté en mai 2010 pour avoir transféré à Wikileaks l’enregistrement vidéo d’un hideux crime de guerre U.S. en Irak. Accusé de haute trahison dans son pays, il a écopé d’une condamnation de 35 ans. Dans le reste du monde, il/elle était devenu(e) un symbole de la conscience intrépide, une incarnation moderne d’Antigone.

Après tant d’années, les images divulguées de ce crime de guerre ordinaire demeurent toujours aussi choquantes dans leur précision et leur trivialité technologique et par l’inhumanité robotique et hypocrite qu’elles révèlent de la part des militaires américains. Malgré l’assassinat délibéré de civils désarmés et de secouristes qu’elles documentent, l’armée américaine n’a pas admis avoir outrepassé ses «règles d’engagement» ni commis aucune bavure.

On a relevé avec raison que sans ce précédent, un Edward Snowden n’aurait probablement pas trouvé l’impulsion pour à son tour passer à l’acte et révéler au monde l’ampleur de l’intrusion des agences de renseignement américaines dans nos vies privées.

Si quelqu’un, ces dernières années, a mérité le prix Nobel de la Paix, c’est bien Chelsea Manning. Reste à savoir si le prix Nobel mérite Chelsea Manning...