Le grand réalisateur américain a entamé la diffusion de ses quatre heures d’entretiens avec Vladimir Poutine. Comme l’on pouvait s’y attendre, la réception dans les médias américains a été plutôt fraîche. L’auteur y est accusé de complaisance à l’égard du «dictateur brutal et sanguinaire» du Kremlin.

Ironie du sort: la même semaine (le 15 juin), l’autocrate russe a tenu à la télévision russe sa Ligne directe avec le public — quelque 70 réponses aux questions des téléspectateurs en un peu moins de quatre heures. Il y a notamment proposé, non sans humour, l’asile à l’ex-directeur du FBI James Comey en cas de difficultés avec la justice U. S. On imagine mal son homologue américain ou français en faire autant.

La complaisance de Stone tient essentiellement à ce qu’il a permis à Poutine de livrer son avis sur les accusations d’ingérence russe dans les élections U. S. de 2016 («un mensonge servant d’outil aux règlements de compte internes américains», selon V. P.), mais aussi de revenir sur l’ingérence massive et publique de l’Etat américain dans les élections russes de 2012, où les diplomates occidentaux rassemblaient, conseillaient en finançaient les leaders de l’opposition en plein Moscou.

Tout se déroule donc comme prévu. En effet, vers la fin de leur entretien, Poutine adresse une question surprenante à son interlocuteur:

«Avez-vous déjà pris des coups?»

Oliver Stone ayant admis qu’il en avait pris, le président russe conclut:

«Alors vous n’avez pas besoin d’apprendre à encaisser. Parce que vous allez en prendre.

— Cela vaut la peine, si cela apporte davantage de paix et de conscience dans le monde», a conclu le réalisateur.