Il se défend d’avoir voulu écrire ses mémoires. Ils viennent pourtant de paraître en anglais sous le titre Reporter, a Memoir.
Né en 1937 dans une modeste famille juive du South Side de Chicago, Seymour Hersh, Sy de son petit nom, avoue n’avoir rien à raconter sur lui-même ou sur sa famille, alors que le talent de reporter révélé par l’enquête sur le massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam lui a valu le prix Pulitzer. Pour reprendre les termes du New York Times, il a – une vie durant - fait transpirer les puissants de son pays. En 1974, ses enquêtes avaient contraint le chef de la CIA à donner sa démission. Que ce soit sur les circonstances de la mort de Ben Laden, sur la torture dans la prison d’Abou Ghraib, les accusations d’utilisation du gaz sarin par Bachar El Assad ou encore l’empoisonnement de Salisbury, il n’a pas hésité, une fois les faits en mains, à défier l’autorité et à prendre le contrepied de la version officielle.

Alors, pourquoi aujourd’hui ces mémoires écrits comme à rebrousse-poil ? Seymour le brave y a été contraint par son éditeur. Sous contrat pour une enquête sur l’ancien vice-président Dick Cheney, il a dû abandonner son projet après quatre ans de recherches. Il avait compris que ses sources paniquaient et qu’il les aurait mises en danger pour délit de « fuites ». Pour rembourser l’avance reçue pour son travail, il aurait dû hypothéquer son pied-à-terre de Manhattan. Compatissante, la maison d’édition lui a proposé en échange d’écrire ses mémoires.

Selon la critique du New York Times, Sy n’est pas un mauvais mémorialiste, mais dans la transaction l’Amérique a sûrement perdu un grand reporter.

JMB/13.07.2018

Sources:

  • https://www.nytimes.com/2018/06/03/business/media/seymour-hersh-reporter-memoir.html

  • https://www.youtube.com/watch?v=QlcalXGvtIA

  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Seymour_Hersh