Robert Parry n’est plus. Avec lui disparaît une des consciences professionnelles du journalisme indépendant, à un moment où elles se font de plus en plus rares en Amérique comme en Europe. Il avait lui-même tiré la sonnette d’alarme
à la veille des Fêtes en parlant des problèmes de santé qui l’avaient contraint à baisser la garde (et nous en avions parlé dans l’Antipresse). Son fils Nat, qui le secondait dans son travail d’enquêteur têtu et de «redresseur de faits», a dissipé les soupçons que l’on pouvait avoir sur l’origine de cette soudaine casse chez un homme qui jouissait jusqu’alors d’une excellente santé. Il raconte toutefois les épreuves et les attaques que son père a endurées
de la part de ses collègues et des grands medias pour avoir osé s’écarter de la bien-pensance et défier le maccarthysme renaissant sur des sujets aussi tabous que le Russiagate.

Voici ce que Parry disait en 2016 des deux grands quotidiens étatsuniens:

«Nous avons atteint un point curieux dans l’histoire des médias d’information. Pendant de nombreuses années, j’ai défendu les médias grand public – malgré leurs nombreuses fautes – parce que j’estimais que, dans l’ensemble, ils faisaient plus pour informer le peuple américain que pour le tromper. Je ne peux désormais plus le faire. Sur la question clé des affaires étrangères, le New York Times et le Washington Post sont remplis de désinformation et de propagande. Il est choquant de constater à quel point ils se sont éloignés du fait de présenter les deux versions d’une histoire, et à quel point ils sont prêts à accepter la propagande du Département d’État. J’ai aussi peur que cela ne devienne encore plus déplaisant à mesure que ces intérêts bien ancrés s’opposent à leur perte de crédibilité et de respect.»