Le nouveau président américain met en garde contre les vaccins contre la grippe qui, dit-il, sont la plus grande «arnaque» de l’histoire médicale.

Avec cette prise de position, Trump n’a ouvert qu’un œil sur les abus du marché médical, mais il ferait bien d’ouvrir le deuxième sur d’autres traitements, qui participent tout autant à l’explosion des coûts de la santé, qui sont toxiques, et qui mériteraient davantage le qualificatif de plus grosse arnaque de l’histoire de la médecine, mais là n’est pas notre propos d’aujourd’hui.

Rappelons que la majorité des décisions médicales sont prises dans des conditions d’incertitude (difficile, le métier de médecin sous l’épée de Damoclès des avocats!) et avec la nécessité d’estimer la probabilité d’un événement et les effets d’un traitement.

Face à ces incertitudes (diagnostiques et thérapeutiques), mais confronté à l’obligation de faire un choix, le médecin doit s’appuyer sur ses connaissances, son expérience, mais surtout sur l’évidence scientifique, c’est-à-dire sur ce que concluent les études censées répondre à la question posée. Or, la littérature médicale, jamais contrôlée par une instance de validation (quel scandale!), regorge d’études mal conçues, de résultats erronés, pour ne pas dire artificiellement fabriqués… La loi du marché justifie toutes les dérives.

Dans ce marécage d’informations discordantes, l’ordre ne peut venir que d’une analyse objective de toutes les études pertinentes publiées. C’est le but de la collaboration (réseau) Cochrane, collaboration indépendante et à but non lucratif, qui est devenue la référence absolue en matière de preuves scientifiques.

Et que disait la Cochrane sur la vaccination contre la grippe en 2010 déjà, avis reconfirmé en mars 2014? Elle disait que:

« les vaccins antigrippaux ont un effet très modeste sur la réduction des symptômes grippaux et le nombre de jours de travail perdus dans la population générale, y compris les femmes enceintes. Aucune preuve de l’association entre la vaccination contre la grippe et les événements indésirables graves n’a été trouvée dans les études comparatives prises en compte dans la revue. Cette revue inclut 90 études, dont 24 (26,7 %) étaient financées totalement ou partiellement par l’industrie. Sur les 48 ECR, 17 ont été financés par l’industrie (35,4 %).»

Tout est dit.

La Cochrane, bien avant Trump, et sur la base des études publiées, relativisait énormément l’efficacité de cette vaccination… En l’occurrence, donc, le turbulent chef d’État vise manifestement juste. Les millions dépensés pour cette vaccination, comme pour d’autres vaccinations et d’autres traitements mériteraient de servir des causes bien plus importantes.